Restauration d’un luth allemand fait par Hans Fichthold en 1627.
Ce luth a subi un choc violent et la table a litéralement explosé mais la caisse en ivoire et le manche également plaqué d’ivoire sont quasiment indemmes.
Après examen de l’instrument, remanié plusieurs fois comme le sont tous tous les luths qui survivent jusqu'à notre époque, le diagnostic qui s’impose est relativement simple : une restauration visant à réduire les fractures récentes et un remontage. Nous n’interviendrons pas sur la « vérité historique » de l’instrument qui reste dans l’état de conservation ou il se trouvait avant son accident.
Le luth étant quasiment détablé. La procédure habituelle est appliquée :
- recollage des escarts et arrachures sur les parties portantes,
- réparation, recollage des cassures, pas de taquets pouvant alourdir la table, les cassures fraîches ne le demandent pas, et il n’y a pas de déformations.
- Rebouchage des galeries de vers (haut table à droite) pate à bois facilement rémissible,
- Après ouverture nous constatons que des traces montrent un barrage différent,
plus ancien, nous notons celui-ci soigneusement, et fabriquons les 2 barres qui viennent remplacer les barres manquantes ou abimées (vers) dans leurs emplacements très visibles
- Nous prenons photos ou croquis des talons, des traces, des étiquettes intérieures,
- Nous notons également la signature du restaurateur qui est intervenu sur l’instrument en 1909.
- Retablage et remontage en cordes.
- Léger néttoyage général.
Cette restauration est l’exemple d’une restauration facile, sans histoires. En accord avec le propriétaire de l’instrument, nous recollons simplement les cassures et remettons l’instrument en cordes. Il n’y a pas de recherches historiques particulières à faire, aucun manque à combler, aucune pièce à refaire en copie sur un modèle à trouver.
Après notre intervention , ce luth est acheté en 1998 par le Musée de la Musique de Paris et est conservé dans les collections sous la référence E.998.2.2.
Il y est décrit comme suit :
"13 choeurs : petit jeu : 2x1, 9x2,
caisse à 27 côtes d'ivoire massif séparées de filets à 3 brins (ébène, ivoire, ébène),
table en épicéa (picea excelsa),
rose découpée en plein bois,
brague en 4 parties séparées de filets à trois brins (ébène, ivoire, ébène),
manche et chevillier en bois plaqué d'ivoire,
touche en ébène,
étiquette manuscrite : Hans Fichtold / im Fiessen / 1627,
remanié au XVIIIe , poulie destinée à tendre la 1e corde perdue.
Source : Musée de la musique, médiathèque".
http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/default.asp?URL=http://mediatheque.cite-
musique.fr/clientbooklineCIMU/toolkit/p_requests/default-collection-musee.htm
Nota-bene.
Depuis 2004 et l'application de la « loi musées », il est fait obligation aux musées français de n'employer, pour les restaurations de tous les objets conservés dans le cadre des collections publiques, que des « restaurateurs habilités ». Par ce vocable, on entend uniquement les universitaires possesseurs de ce diplôme d'état délivré par l'Institut National du Patrimoine. Ce diplôme couvre toutes sortes de techniques et de matériaux, mais ni l'expertise des instruments de musique ni la lutherie ni l'acoustique ne sont abordées durant la durée du cursus. Dorénavant seuls le « restaurateur habilité » pour le bois, (tous les bois du monde ?), est qualifié pour restaurer les objets du patrimoine conservés dans nos collections nationales et peut passer indifféremment des parquets aux charpentes, du mobilier aux bateaux, des statues aux instruments de musique, etc., pourvu qu'il ait l'« habilitation ». Une polémique se fait jour donc entre les conservateurs des musées qui, conscients de leurs incompétences en matière de lutherie, désirent conserver les instruments historiques uniquement pour leur aspect visuel et culturel, et les luthiers qui estiment que la sonorité d'un instrument, ce qui est sa spécificité et son identité propre, doit et peut être restaurée au même titre que la caisse qui la produit.
Les professionnels qui, depuis bien avant que le titre de conservateur ne soit inventé, analysent, examinent, expertisent, fabriquent et restaurent les instruments de musique, et cela par pays et par catégories, (vents, cordes, claviers, cuivres, etc.) se trouvent ainsi écartés des collections publiques françaises. L'« habilitation » pour un non-universitaire étant quasiment impossible à obtenir, ils exercent leur art auprès des collections privées.
Lire : "Habilitation-restaurateur-des-musees.com".